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Soleil de Lumière
16 septembre 2013

Maitre Morya - Partie 6 - Gulâb- Singh, un râja-yogi

El_Morya_photo

 

Maitre Morya

 

Partie 6

Gulâb- Singh, un râja-yogi


 

Vers 2 heures de l’après-midi, alors qu’en dépit des énormes punkahs agités au dessus de nos têtes, la chaleur nous arrachait des gémissements, notre ami le Brahmane mahratte apparut. Nous pensions l’avoir perdu. Accompagné d’une demi-douzaine de Daknis (habitants du plateau du Deccan) il venait lentement, presque sur les oreilles de son cheval, qui hennissait et semblait n’avancer qu’à contrecœur. Quand il atteignit la véranda et sauta à terre, nous vîmes la raison de sa disparition. En travers de sa selle était attaché un énorme tigre dont la queue traînait à terre. Des traces de sang noir se voyaient dans la gueule à demi-ouverte. Il fut enlevé de dessus le cheval et étendu devant l’entrée.

Etait-ce notre visiteur de la nuit précédente ? fut la pensée qui me traversa l’esprit. Je regardai Gulab-Sing. Il était étendu sur une couverture dans un coin, la tête appuyée sur la main et lisait. Il fronça légèrement les sourcils, mais ne dit mot. Le Brahmane qui avait apporté le tigre était de même très silencieux, veillant à certaines préparations comme s’il s’apprêtait pour quelque solennité. Nous apprîmes bientôt qu’aux yeux des gens superstitieux, ce qui allait se passer était réellement une solennité.

Une mèche de poils prélevée sur la peau d’un tigre tué non d’une balle ou d’un couteau, mais par un « mot », est considéré comme le meilleur des talismans contre ses congénères. « C’est une occasion fort rare », expliqua le Mahratte, « c’est très rarement que l’on rencontre une personne possédant le mot. » Les Yogis et les Sadhus ne tuent pas, en général, les animaux sauvages, tenant pour péché de détruire une créature vivante quelle qu’elle soit, même un cobra ou un tigre, de sorte qu’ils se bornent à s’écarter de la route des animaux nuisibles. Il n’existe aux Indes qu’une confrérie dont les membres possèdent tous les secrets, et pour qui rien dans la nature n’est caché. Voici le corps du tigre pour témoigner que l’animal n’a pas été tué par une arme, mais simplement par le mot de Gulab-Lal-Sing. Je l’ai trouvé très facilement dans les buissons exactement sous notre vihara, au pied du rocher sur lequel le tigre avait roulé, déjà mort. Les tigres ne font jamais de faux pas. Gulab-Lal-Sing, vous êtes un Raja-Yogi et je vous salue » ajouta le fier Brahmane pliant le genou devant le Takur.

« Ne dites pas des paroles futiles, Krishna Rao ! » interrompit Gulab Sing. « Levez-vous ; ne vous comportez pas comme un Shudra. »

« Je vous obéis, Shahib, mais pardonnez-moi, je me fie à mon propre jugement. Nul Raja Yogi n’a jamais confessé ses liens avec la fraternité, depuis la venue à l’existence du Mont Abu. »

Et il commença à distribuer des mèches de poils pris sur l’animal mort.

Personne ne parlait. Je considérais curieusement le groupe de mes compagnons de voyage. Le Colonel, Président de notre Société, était assis, les yeux baissés, très pâle. Son secrétaire, M.Y…, était étendu sur le dos, fumant un cigare et regardait droit au dessus de lui, les yeux sans expression. Il accepta silencieusement les poils et les mit dans sa bourse.

Les Hindous se tenaient autour du tigre et les Cinghalais traçaient des signes mystérieux sur son front. Gulab Sing continuait tranquillement à lire son livre. Mademoiselle B. me posa calmement la question : « Notre gouvernement connaît-il l’existence de cette fraternité et les Raja-yogis sontils bien disposés à l’égard des Anglais ? »

« Oh, fort bien ! » répondit sérieusement le Rajpoute avant que j’aie pu ouvrir la bouche ; « cela, dans le cas où ils existent. Ils sont les seuls qui jusqu’ici n’ont pas autorisé les Hindous à couper le gorge de vos compatriotes ; ils les ont tenus à distance avec un …mot. »

La dame anglaise ne comprit pas.

Apparemment notre investigation psychologique en Inde avait bien débuté, promettant pour notre société, une moisson aussi abondante que l’investigation archéologique. (p.106-108 version anglaise)

Source : K.P. Kumar

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