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Soleil de Lumière
12 octobre 2013

Maîte Morya - Partie 32 - Une discussion désagréable avec des anglais

El_Morya_photo

 

Partie 32

Une discussion désagréable avec des anglais

 

 

J’étais chagriné à un point non exprimable, pas pour moi-même bien sûr, mais pour ces indiens innocents et offensés, condamnés par une quelconque force fatale à un mauvais traitement éternel et aucunement mérité…

Au tout début de notre société en Inde, j’ai commencé à entendre des rumeurs d’insatisfaction de divers dignitaires dans les bureaux desquels avaient servis de nombreuses personnes natives de Bombay et membres de la Société Théosophique. « Les êtres puissants de ce monde » le Badâ Saabs, conseillait à leurs timides subordonnés de « ne pas être trop amical avec les aventuriers récemment arrivés d’Amérique. »

En un mot, la situation était très déplaisante.

Je m’assis sur le banc près de la fontaine où le Bâbû se secouait dans le soleil comme un misérable tout trempé. Narayana demeurait dans un silence de mort. Lui jetant un coup d’Tmil, je fus frappé : les cernes sombres sous ses grands yeux s’étaient encore plus profondément assombries, ses dents étaient rayées comme celles d’un animal sauvage et tremblaient comme s’il était fiévreux.

« Que t’arrive-il Narayana ? » demandai-je effrayé.

Durant une minute il ne donna aucune réponse ; ses dents blanches solides grincèrent un peu plus fort. Soudain, il s’accroupit sur le sable du sentier et tout d’un coup tomba le visage vers le parterre de fleurs d’Arale d’un rouge brillant, fleurs dédiées à la déesse Kâli…

Soit, les fleurs favorites de la déesse sanguinaire réveillèrent notre gentil et patient Narayana ou quelque chose d’autre installa en lui une horrible pensée et il releva le visage, fixant sur moi ses yeux injectés de rouge, il

demanda dans une voix changée et sifflante : « Et bien, voulez-vous que je le tue ? »

Je sursautais comme si j’avais été piqué.

« Que voulez-vous dire ? Revenez à votre bon sens ! Est-ce que ce mendiant saoul vaut la peine que d’honnêtes gens risquent leur vie à cause de leur insolence ?

« Soit vous blaguez, soit vous divaguez, mon cher ! »

« Ce n’est pas lui…ce n’est pas lui… Dans son visage, je ne voyais que sa nation, pleine de haine envers nous. En le tuant, j’aurais voulu venger des années de souffrance, d’humiliation,… d’insultes mortelles...j’aurais voulu venger mes nombreux amis et en addition l’insulte qu’il vous a faite… » S’exclama-t-il dans une voix rauque de désespoir.

« Arrêtez ! Pouvez-vous vraiment imaginer que je me sois senti sérieusement insulté ? Pourquoi, je ris simplement devant ce comportement fou… »

Mais il ne m’entendait pas. En baisant la tête sur les plantes écrasées comme s’il se tournait vers un interlocuteur invisible sous le sol, il continuait à parler dans la même voix rauque. C’était comme s’il déversait dans le sein de la Mère Terre une vague de souffrance qui émergeait subitement, crête d’amertume impuissante qui était bouillonnante en lui

depuis tout ce temps. Je ne l’avais jamais vu dans un tel état de perturbation…Il semblait avoir une pitié inexprimable envers moi mais en même temps il était positivement effrayant.

« Que lui était-il arrivé ? » Pensais-je. « Cela pourrait-il être le résultat de ce si stupide épisode ? »

« Ils vous ont offensé…à cause de nous…à cause de nous seulement, » continua-t-il en murmurant à moitié. « Et ce n’est pas tout ! Vous allez bientôt être suivi…poursuivi…quittez-nous, détournez-vous de nous…

Dites-leur que vous blaguiez, que vous vous moquiez de nous, et ils vont vous pardonner. Ils vont commencer à prendre contact avec vous et vous offrir leur amitié et leur compagnie. Mais vous ne ferez pas ça, autrement le Mahâ- Saab ne vous aurait pas traité comme il le fait. C’est pourquoi beaucoup de tristesse vous attend dans le futur, tristesse et calomnie.

Oui, il est dangereux d’être ami avec de pauvres indous ! Il n’y a pas de bonheur pour les fils du Kali Yuga et celui qui nous a tendu la main est une dame, et tôt ou tard elle aura à payer pour cette transgression… »

J’écoutais avec amusement et presque de la terreur ce discours inattendu et incohérent, mais je ne puis rien, rien trouver pour le consoler et donc je restai silencieux.

Involontairement, il commença à regarder tout autour, cherchant le Bâbu. Il était couché sur un banc, à plus ou moins trente pas de nous, se séchant au soleil, il devrait être assoupi.

« Ne soyez pas en colère sur moi, Upâsikâ, ( Un étudiant féminin de la philosophie qui est sous la guidance d’un guru ou d’un ‘enseignant’, terme habituellement utilisé dans une fraternité de moines.) et pardonnez-moi de vous avoir perturbé, dit encore Nanayana, mais cette fois avec une voix de plus en plus calme.

« En colère sur vous, mon pauvre Narayana ? Pourquoi ? Vous étiez plutôt en train de blaguer, l’interrompis-je, ne sachant que dire.

Il se leva lui-même un peu et s’assit de nouveau sur le chemin dans sa position coutumière. Entourant ses deux genoux de ses bras puissants, reposant son menton sur ceux-ci, il se balançait d’avant en arrière fixant les 'arales' écrasées. Il se battait visiblement pour se contrôler lui-même et réussit finalement. Sa voix n’était plus rauque ni ne tremblait plus,

mais lorsqu’il parla à nouveau on entendait tellement de véritable souffrance dans cette voix que je frissonnais sans le vouloir.

« Non, je blaguait » dit-il lentement et fermement. « Un mot, et je l’aurais tué. Tout cela ne revient-il pas au même ? Ma vie d’une façon ou d’une autre a été perdue… »

« Mais quoi ? Qu’est-il arrivé ? Cela ne peut être que vous soyez si perturbé à cause de ce fou. Dites-moi est-ce à cause de lui ? »

« Non, pas seulement à cause de lui seul » murmura-t-il de façon à peine audible. « Juste pareil ce serait plus facile pour moi, pourrais-je avant de mourir, tuer au moins un des individus de cette race si intolérable envers nous ! »

« Tuer ! Comme vous dites cela facilement ! C’est un crime horrible, que dirait le Thakur ?... »

« Il ne dirait rien. Je lui importe peu » dit –il encore plus tranquillement.

« Mais, vous êtes…son chéla ? » (Un élève ou pupille des sciences secrètes ou un mystique)

Il frissonna et était complètement brisé comme si quelqu’un avait percé son coeur avec un couteau. Il se courba encore plus bas sur ses genoux et soudain libéra de sa poitrine un tel cri de désespoir que j’étais complètement perdue…Je me sentais devenir pâle et n’était plus en condition d’endurer cette scène plus longtemps.

« Non, je ne suis pas son chéla. Il m’a refusé…Il m’a exclu !... » Sanglota ce misérable géant comme un enfant de cinq ans.

Voilà ce qui en est, réalisais-je soudain en moi-même. Cela signifie que cet Anglais était seulement la dernière goutte qui a fait déborder la coupe ! Et soudain, je me rappelais une vision, un rêve que j’avais vu, ou que je croyais avoir vu la nuit précédente à Bhurtpore, dans lequel Narayana embrassait les genoux du Thakur. Mais tout cela n’était qu’un rêve ! Ou

tout cela était-il arrivé et avais-je été témoin de cette scène ?

« Quand vous a-t-il refusé ? »

Des pas précipités furent entendus soudain. Narayana se leva en sursaut et me dit dans un murmure : « Je vous prie, gardez mon secret inviolé ! Pas un mot de ceci à quelqu’un. .. Je vous serai encore utile, mais ne dites pas Mr.O…Je vous quitte ! »

Mais il ne parvint pas.

« Pourquoi vous êtes vous enterrés ici comme un sous-marin en convocation, bhutas ? » résonna la voix du colonel de façon inattendue près de nous. « Où est Narayana, et où est le Babu ? » continua-t-il tandis qu’il s’approchait avec le ‘général silencieux’.

« Ah ! Les voilà ! Ne vous cachez pas. Les deux vantards s’en sont allés et se sont prouvés être des types très décents…Nous nous sommes séparés amicalement. Je les ai assurés de votre pardon également, Je leur ai expliqué beaucoup de ce qu’il ne savait pas ; par exemple les principes et les buts de notre Société…Ils ont montré leur intérêt et même admis

qu’ils s’étaient trompés. »

(Extrait de la Version anglaise p.520-524)

Source : "El Morya" de K.P. Kumar

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