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Soleil de Lumière
26 décembre 2012

Entretien de Jésus avec Nicodème : la nouvelle naissance

 

Entretien avec Nicodème (Jn 3,1-21)

 

1 Or il y avait, parmi les Pharisiens, un homme du nom de Nicodème, un des notables juifs.

2 Il vint, de nuit, trouver Jésus et lui dit : « Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne peut opérer les signes que tu fais si Dieu n’est pas avec lui. »

3 Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis : si quelqu’un n’est pas engendré d’en haut (de nouveau), nul ne peut voir le Royaume de Dieu. »

4 Nicodème lui dit : « Comment un homme peut-il être engendré de nouveau s’il est vieux ? Pourrait–il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et être engendré ? »

5 Jésus lui répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis : nul, s’il n’est engendré d’eau et d’Esprit, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.

6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit.

7 Ne t’étonne pas si je t’ai dit : Il vous faut naître d’en haut.

8 Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. »

9 Nicodème lui dit : « Comment cela peut-il se faire ? »

10 Jésus lui répondit : « Tu es maître en Israël et tu n’as pas la connaissance de ces choses !

11 En vérité, en vérité, je te le dis : nous parlons de ce que nous savons, nous témoignons de ce que nous avons vu, et, pourtant, vous ne recevez pas notre témoignage.

12 Si vous ne croyez pas lorsque je vous dis les choses de la terre, comment croiriez-vous si je vous disais les choses du ciel ?

13 Car nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.

14 Et comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l’homme soit élevé

15 afin que quiconque croit ait, en lui, la vie éternelle.

16 Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.

17 Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.

18 Qui croit en lui n’est pas jugé ; qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

19 Et le jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré l’obscurité à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

20 En effet, quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de crainte que ses œuvres ne soient démasquées.

21 Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu. »

Entretien avec Nicodème (Jn 3,1-21) 2011-2012 I

Nicodème est un notable riche, appartenant à la mouvance pharisienne, très attachée à la Loi de Moïse (écrite et orale). A l’âge de 40 ans il a été ordonné « Maître en Israël », appelé aussi scribe, parce qu’il a fréquenté une école de formation de théologie et de droit et qu’à ce titre, très vénéré, il est consulté pour dire la conduite à tenir dans toutes les domaines de la vie juive : religion, justice, enseignement.

Nicodème vient de nuit trouver Jésus, pas nécessairement par crainte ; à l’époque il était recommandé de ne pas divulguer les « choses cachées » à n’importe qui et conseillé d’étudier la Loi de Moïse de nuit. Il parle à Jésus avec beaucoup de respect. D’ailleurs plus tard il défendra Jésus devant le Sanhédrin (la plus haute juridiction civile et religieuse et auquel il appartient) qui voulait l’arrêter en demandant de ne le condamner avant de l’avoir entendu (7,50 et sv). Avec Joseph d’Arimathie il participera à l’embaumement du corps de Jésus (19,39). Cette nui-là il veut en savoir plus sur Jésus, de sa propre bouche, plus précisément sur sa relation avec Dieu, tant les signes qu’il accomplissait ne pouvaient se faire qu’avec la grâce de Dieu. Les Pharisiens opposés à Jésus avaient réglé cette question en attribuant son pouvoir au diable.

Jésus commence par un solennel « En vérité, en vérité, je te le dis » : formule précédant toute parole importante dans l’Evangile de Jean (25 fois). Et plutôt que de répondre à la demande implicite de Nicodème, il le met, lui, devant une démarche obligée : « Si quelqu’un (= toi, Nicodème) n’est pas engendré d’en haut (ou de nouveau), il ne peut voir le Royaume de Dieu ». Jésus inverse les rôles comme sont inversés le « si » et « personne » dans les phrases qu’ils prononcent.

« D’en haut, de nouveau » sont les deux sens d’un même mot grec (langue utilisée par l’évangéliste). C’est le contexte qui permet de choisir. Mais l’ambigüité est peut-être voulue et va expliquer la réaction de Nicodème.

Le Royaume de Dieu : L’évangéliste n’utilise ce mot que deux fois, alors qu’il est très fréquent dans les autres évangiles. Ici il faut le comprendre comme « la vie de Dieu » (3,36).

Manifestement Nicodème en reste au niveau terrestre alors que Jésus parle « d’en haut ». Cela est fréquent dans cet évangile : l’eau pour la samaritaine, le pain dans le discours sur le pain de vie, la lumière pour l’aveugle-né. Le discours est à deux niveaux : celui d’en haut et celui d’en bas.

Jésus précise dans sa réponse que nul ne peut avoir la vie de Dieu s’il ne naît de l’eau et de l’Esprit, en insistant beaucoup sur ce passage obligé. Dans l’évocation de l’eau on a vu très vite une allusion au baptême donné par Jésus (3,22) et au baptême chrétien mais c’est le terme Esprit qui doit retenir l’attention. L’Esprit  désigne la puissance divine créatrice de la vie (comme dans la création dans Genèse( 1,1), comme au jour de la Pentecôte (2,2)). Ce qui confirme qu’entrer dans le Royaume c’est entrer dans la vie qui commence toujours par une naissance. Mais cet Esprit ne peut venir que d’en haut et n’est pas accessible à partir d’en bas (= ce qui est chair). Pour expliquer sa manière d’agir, Jésus se sert de l’image du vent. Le mot grec (pneuma) signifie vent mais aussi souffle : nous disons de manière semblable de quelqu’un qui ne respire plus et qui meurt : il a rendu le dernier souffle. « Comme tu ne connais pas la route du vent… ainsi tu ne peux connaître l’œuvre de Dieu qui dirige tout » (Qo 11,5) trouve-t-on dans l’AT.

Nicodème accepte cette possibilité d’une renaissance d’en haut mais, comme Marie lors de l’annonciation, il veut savoir le comment. Or Nicodème aurait dû le savoir, lui le spécialiste des Ecritures, de par l’enseignement des prophètes : par le renouvellement du cœur que Dieu va opérer lui-même puisque l’homme en est incapable : « Je ferai sur vous une aspersion d’eau pure….je vous donnerai un cœur nouveau…je mettrai en vous mon propre esprit « ( Ez 36, 25-27). Jésus lui en fait le reproche.

A parti du verset 11, changement important : Jésus va signifier à Nicodème que ce qui précédait étant « choses de la terre », accessibles à un scribe, ce qu’il va dire maintenant est « choses du ciel », jusque là inaccessibles. Nicodème disparaît de la scène et commence un monologue : on passe du je au nous comme si Jésus se plaçait à un autre niveau pour dire les « choses du ciel » qui vont être développées dans la suite du récit. « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, l’a révélé » lit-on dans le Prologue (1,18). La suite du récit se décompose en 3 parties :

Le parcours du Fils de l’homme (Jésus) (13-15)

Le plan de Dieu (16-17)

Les réponses de l’homme (18-21)

 

Le parcours du Fils de l’homme : Jésus en est le révélateur

« Fils de l’homme » figure connue de l’AT. Le livre de Daniel le présente comme un symbole représentant l’humanité et recevant la royauté universelle (7,13). La tradition juive en fait un personnage transcendant, n’ayant pas d’origine terrestre mais destiné à être à la fin des temps le sauveur et le juge. Le titre apparaît 70 fois dans les écrits évangéliques, toujours dans la bouche de Jésus. En Jn il est d’en haut, venu en bas pour retourner en haut.

L’épisode du serpent en Nb 21 : les Hébreux, à cause de la soif et de la faim, récriminent contre Dieu et contre Moïse. Ils sont châtiés par la morsure mortelle de serpents. Mais sur l’ordre de Dieu, Moïse fait dresser un serpent d’airain : « Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie ».

« il faut que »….déjà dans les synoptiques Jésus parlait de cette nécessité.

« soit élevé » : pour Jean « élevé » a un double sens : « élevé en croix » et « glorifié ». Il s’agit du cheminement de Jésus compris par les premiers chrétiens : son exaltation en gloire coïncide avec son élévation sur la croix. Pour les synoptiques cette glorification devait avoir lieu à la fin des temps (jugement dernier) ; pour Paul elle est réalisée par sa résurrection ; pour Jean elle a déjà eu lieu dans la crucifixion.

Le but : la vie de Dieu (ou éternelle, déjà évoquée dans le « naître à nouveau ») donnée déjà ici-bas.

 

Le plan de Dieu

« Dieu a tant aimé le monde » : expression unique dans tous les évangiles. Le « monde » désigne le genre humain et non pas les opposants. Là est le cœur des « choses du ciel », ce dont il faut prendre conscience personnellement pour comprendre la suite.

« a donné ». Jésus est Don de Dieu. « Si tu savais le Don de Dieu » (entretien avec la samaritaine (Jn 4, 10)

« Fils » ou « Fils unique ». Dans l’ancien orient, les rois étaient divinisés. Dans l’AT le peuple d’Israël et le roi étaient désignés comme des fils adoptifs de Dieu. Dans les synoptiques le titre désigne d’abord le Messie (Christ), mais aussi une filiation divine (au procès (Lc 23,70), confession du centurion à la croix (Mc 15,39). Dans les Actes des Apôtres comme chez Paul, l’affirmation d’une origine divine est forte. Cette désignation domine l’évangile de Jean.

Le but est le même que celui du Fils de l’homme : sauver=donner la vie de Dieu. Jésus reprend cette affirmation : « Je ne suis pas venu juger (= condamner) le monde mais pour sauver le monde » (12,46-48)

 

L’attitude des hommes

Parce que la croix (pas voulue par Dieu) mais devenue (par le fait des hommes) l’ultime expression de l’amour de Dieu, l’homme ne peut pas rester indifférent. Il faut qu’il se positionne :

Croire c'est-à-dire « regarder» (comme le centurion) Jésus comme l’Envoyé de Dieu pour sauver les hommes donne accès immédiatement à la vie de Dieu.

Refuser de croire (et cela s’adresse d’abord aux opposants de Jésus en son temps) les condamne à ne pas recevoir cette vie de Dieu.

Le jugement. La fin des temps doit être le temps du jugement selon la tradition juive, reprise dans les évangiles (Mt). Pour Jean il est déjà actuel pour chaque homme dès qu’il fait le choix de croire ou de ne pas croire .

Qu’en est-il de salut des hommes qui n’ont pas, ne pourront pas connaître ou connaitront mal Jésus ?

L’évangéliste a écrit pour la communauté chrétienne de son temps qui devait être divisée sur la place de Jésus dans l’histoire du salut. Le récit de la rencontre avec Nicodème est le condensé de la foi de l’évangéliste.

Pour ce qui est « du jugement du monde », de ceux qui n’ont pas accès à la connaissance du plan de Dieu, il faut s’en tenir à l’affirmation de Jésus : « Je ne suis pas venu juger le monde, je suis venu sauver le monde ».(12, 46). Dieu parle à chaque conscience.

Le récit de la rencontre avec Nicodème est un sommet de la révélation christologique qui demande à être intériorisé à partir la révélation dominante : « Dieu a tant aimé le monde ».

Source : http://www.birovol.fr/Atelier/Jean%203.htm

Information complémentaire - Evangile de Nicodème : http://remacle.org/bloodwolf/apocryphes/nicodeme.htm

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